Le Mexicain à l'imperméable mastic
Anecdote.
J'ai rencontré, il y a une dizaine d'année, Madame Fayard du magasin de vêtements de la Grande Rue de Saint-Marcellin :
- Oh, Pierre Ballouhey, j'ai un portrait de vous par Malnuit, à la maison, en Mexicain…
- De moi ? Mais, je ne suis jamais allé au Mexique et je n’ai jamais porté de chapeau mexicain.
- C’est Madame Malnuit qui voulait acheter un imperméable à son fils et comme elle le trouvait un peu cher, elle m’a proposé un tableau de Michel en appoint. Elle m’a demandé ce que je voulais et comme j’aimais bien la chanson de Marcel Amont, j’ai dit un Mexicain.
Et voilà Malnuit qui ressort un crobard de moi, me vise ce paillu* sur le tête, en prenant soin de foncer le teint à la terre de Sienne pour faire plus chicano et endosse cet imper mastic à la Colombo que je lui ai toujours vu.
Je suis allé photographier ce tableau chez un des fils de Madame Fayard.
Pierre Ballouhey
*Paillu : chapeau de paille en patois dauphinois, tous les mots se terminant par u provençal alpin viennent l’argot militaire romain.
Le quartier à Jojo Marchand
- Mèze, tu vas me faire deux tableaux de mon quartier, avant qu'ils le foutent en l'air !, Entre nous, pas de problème d'argent !
Jojo Marchand est employé municipal, éboueur, c'est un figure local, il sait qu'on va agrandir la place Tardivonière et la rue du Cardinal, la plus vieille rue de Saint-Marcellin, pour créer la Place Charles-De-Gaulle. Une démolition qui l'horripile. On est au début des année 80.
Malnuit plante son chevalet dans la rue, on ne peut rien refuser à Jojo… Les deux tableaux à peine secs, Jojo est allé les faire encadrer chez Noëlle Crouzet.
*Jojo est en Epad et j’ai pu photographier ces peintures chez son frère Maurice.
Crobard par Malnuit
PRÉFACE
Si Kerouac avait été peintre et cycliste, il se serait appelé Malnuit. C’étaient bien-là leurs seules différences, à ces deux-là. Pour le reste, ils buvaient autant l’un que l’autre et tous deux sont morts de leur éthylisme. Si l’ivresse n’a jamais fait le talent, Malnuit, tant comme peintre que comme écrivain, en était bourré.
D’abord publié aux éditions Gallimard par Lambrisch dans la revue Le Chemin, la « grande maison » n’a ensuite plus accepté un seul de ses manuscrits. Pas assez ou trop... Allez savoir les impératifs de la mode littéraire et du business... Enfin, je ne vais pas cracher dans la soupe, sauf pour lui donner plus de goût, puisque grâce à cette défaillance, j’ai le plaisir aujourd’hui de le publier.
Malnuit, c’est tout simplement le contraire de bon- jour... Étrange karma, lui aurait peut-être dit Michaux, lorsqu’il était allé lui rendre visite à vélo...
Il n’est pas né non plus le bon jour, faut croire.
Malnuit, je l’ai côtoyé alors que l’alcool n’avait pas encore accompli toute son œuvre. C’était dans une autre vie, dans un autre siècle, lorsqu’il n’était pas complètement ringard de croire en une utopie de vie meilleure. Le temps nous a prouvé qu’on s’était fourvoyé. Les paysages de ban- lieues ont remplacé ceux des collines béarnaises d’alors.
Ses Crobards donnent déjà à entendre les craquements de son âme, qui n’ont jamais cessé. Il désirait connaître la vie tout d’un bloc. Qu’elle lui rentre dans les veines comme un shoot maximum, une envolée de cheval blanc. Rien ne lui suffisait. Guère plus haut qu’un adolescent, mince et frêle, il se dégageait de lui une énergie fabuleuse. Il ne donnait pas l’impression d’être rachitique, mais solidement enraciné dans l’existence...
Ses discussions étaient des pugilats où chacun apprenait à palper ses limites. Tout était prétexte à parler, et parler donne soif. Pissant sur le pas de la porte, le regard perdu dans les montagnes, il continuait à éplucher la vie. Rien n’aurait pu tarir le flot des idées qui venaient se heurter dans son crâne.
Angoissé par la mort et les années terribles qui s’avan- cent et serrent en tenaille dans leurs bras jusqu’à étouffer, il interrogeait tout et tout le monde sur le sens de la vie. Il continuait à chercher, sachant l’absence d’issue.
Il ne faisait que cela, survivre, chaque instant chassé par l’autre. Il tenait ses armes, un pinceau et un stylo. Le seul but à atteindre était de boucler chaque jour, en même temps que le soleil se couche, en ayant vécu debout et non à genoux. Il invectivait les morts et les imbéciles, tous les deux pareils.
Il se savait vivant, en doutait quand même, mais ne se voyait pas vieillir. Il n’a pas vieilli non plus.
Son talent de parleur m’a toujours impressionné. Il pouvait monopoliser l’attention et boire toute la nuit sans sombrer dans un coma éthylique ou dans des propos ridicules et tenir son auditoire en haleine. Il me décapait la cervelle, bouleversait mon univers et en reculait les limites.
Et tant pis s’il s’en est allé prématurément, bien que ça laisse à ceux qui l’ont connu un arrière goût d’inachevé, dans cette nuit de novembre, ironie du sort, le même jour qu’Ytzac Rabin... Aujourd’hui, en le publiant, je veux rendre hommage à ce qu’il a été, à ce qu’il m’a apporté alors que je rentrais juste dans le monde des adultes.
Malnuit n’est pas mort, puisqu’il publie encore...
Saïd Mohamed
Crobard : n.m. (fam. pour Croquis). Dessin à main levée qui ne fait qu’esquisser l’image d’un être ou d’une chose. Petit Larousse 2007
Beau linge !
Étendage, pastel en diptyque (collection de Maurice Chalancon *)
Photo de Sylvie Chalancon-Le Feuvre.
*Maurice Chalancon était notre prof de gym au Collège de Saint-Marcellin, il avait acheté des peintures de Malnuit et des dessins de Ballouhey
La Galerie des portraits, Alain Laverne.
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
Vous pouvez participer à cet album en photographiant ou en scannant bien comme il faut le portrait peint par Malnuit qui est chez vous et en me l'adressant.
C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Alain Laverne, mine de plomb sur papier , envoyé par Alain Laverne
La Galerie des portraits, Bacaze
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
Vous pouvez participer à cet album en photographiant ou en scannant bien comme il faut le portrait peint par Malnuit qui est chez vous et en me l'adressant.
C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Bacaze, mine de plomb sur papier, 1963 , envoyé par Pierre Ballouhey
Les bateaux en cale sèche
Photo Véronique Cattiaux
« Un bouquiniste me dit : « Je viens d’acheter un Malnuit, une marine. »
« Un bateau en cale sèche ? » « Oui. Comment tu sais ça ? »
Sanary-sur-Mer, on est à peu près en 1964, Malnuit et moi, on traîne sur le port, glandeurs. Je suis intéressé par un drôle de manège, on s’approche, badauds. Les ouvriers du petit chantier naval sortent de l’eau un vieux chalutier plein de moules, une pente douce dans le bassin, une voie ferrée, un chariot tout rouillé, des longerons, des madriers et un treuil qui extirpent le rafiot hors de son élément. Il sort de l’eau comme Ursula Andress dans Docteur No. Je regarde la manœuvre, rigolard, en attendant un gag et en pensant à Ursula qui n’a pas autant de moules que ça. Malnuit lui regarde le graphisme, les lignes, la matière, le brun de la rouille. Il revient le lendemain, les peintres ont commencé à décaper la coque du navire. Malnuit plante son chevalet.
Le soir, on va à Bandol, exposition sauvage, les dessins et les peintures sont à même le trottoir. C’est combien ? Vendu ! La cale sèche est vendue, on remballe tout et on file au bistrot.
Le lendemain, Malnuit en fait une autre. Je m’y mets. Feutres sur papier, je privilégie le trait, le dessin serré, les hachures. Malnuit, lui, peint à l’huile au couteau.
Malnuit en a peint beaucoup de ces “cales sèches” séduit par les grandes verticales enserrant la rondeur de la coque et par le ton sur ton brun rouille et blanc.
Le père Clarbèque lui commande une longue frise de bateaux en cales sèches pour le Claridge à Grenoble.
Fin août, le patron du Nautique de Sanary me demande : « Je voudrais un bateau comme tu fais avec les bastaings et la ferraille. » « J’en ai sur papier dans mon carton, là. » « Non, non je veux une vraie peinture … à l’huile. »
Malnuit était rentré à Saint-Mar rendre la deudeuche à Honoré, son père..
Je prends le car pour Toulon, j’achète une grande toile, une brosse, un tube de blanc, un tube de terre de Sienne, un tube de noir et une bouteille de térébenthine.
Direction le chantier naval. Banco. Je peux prolonger notre séjour de quinze jours. Je viens de rencontrer Denise, on campe dans un verger de l'oncle à Mino. »
Pierre Ballouhey
La Galerie des portraits, P'tit Mano.
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
Vous pouvez participer à cet album en photographiant ou en scannant
bien comme il faut le portrait peint par Malnuit qui est chez vous et
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C'est le nouveau jeu de l'année.
Pierre Ballouhey
Mano lit, Collection Alain Krasker, Tarbes, pastel sur papier, envoyé par Saïd Mohamed
La Galerie des portraits, Mazio.
OUn nouvel album " La Galerie des portraits".
Vous pouvez participer à cet album en photographiant ou en scannant
bien comme il faut le portrait peint par Malnuit qui est chez vous et
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C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Michel Malnuit, autoportrait pastel sur papier 1987 envoyé par Françoise Malnuit
La Galerie des portraits, Blanco
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
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C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Roger Blanc, Blanco, Encre de chine sur papier envoyé par Françoise Malnuit
La Galerie des portraits, Le Mèze
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
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C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Le Mèze, autoportrait huile sur toile envoyé par Françoise Malnuit
" La Galerie des portraits" Mazio
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
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bien comme il faut le portrait peint par Malnuit qui est chez vous et
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C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Mazio, autoportrait huile sur toile envoyé par Françoise Malnuit
" La Galerie des portraits" " La partie de carte"
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
Vous pouvez participer à cet album en photographiant ou en scannant
bien comme il faut le portrait peint par Malnuit qui est chez vous et
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C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Mano et Bédé, pastel sur papier, envoyé par Saïd Mohamed
" La Galerie des portraits" "Bops"
Un nouvel album " La Galerie des portraits".
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C'est le nouveau jeu de l'été.
Pierre Ballouhey
Michel Beaurepaire, Bops, fusain sur papier , envoyé par Françoise Malnuit