À Pierre Ballouhey dit Bacaze, dessinateur "débande pas!"

j'écris pas pour les pigeons de bidet
ni pour les louises de tous les georges
j'écris pour me pousser le gras dans le sens antigiratoire
j'écris pour crever les plafonds de la chapelle sixtine
j'écris pour aligner les pièges-à-margot
écrire des pauhèmes c'est comme se toucher
j'écrabouille les imprudents qui sortent sans coquille
je suis persuadé du droit pas bien pur de jurer
à la tronche et à à la gueule et à la fesse des buveurs d'eau
j'écris pour les dominos qui ont pas de point
j'écris pour les polynésiens que j'ai pas consulté
tes bandes me font bander alors j'écris pas pour elles à la petite rigueur souple je peux me creuser mais j'ai pas envie
et quoi? j'écris pour démonter la pendule casse-bonbons
j'ai trouvé sous les ailes d'une mouche à beurre des résidus de ta poire fendue et des morceaux de ta rigolade
je te les envoie par le prochain courrier afin que tu les authentifies

Michel MALNUIT

( "Impossible à dire" - Les Cahiers du Chemin- avril/juillet 1970 - Gallimard )

* Pour la petite histoire, j'avais écrit à Mazio pour qu'il me sorte un scénario de BD, il avait la plume facile et noircissait beaucoup de papier. On déconnait tellement ensemble que ça me semblait couler de source. Il m'a envoyer sur les roses en me disant de me démerder tout seul et c'est devenu ce beau texte choisi par Lambisque de chez Gallimard. Bidet était mon voisin de palier à Grenoble en 69. Je me suis démerdé tout seul et depuis 1995 encore plus.

Pierre BALLOUHEY

Ci-contre, la couverture des Cahiers du Chemin du 15 avril 1970, belle affiche Le Clézio et Butor à coté de Malnuit. Georges Lambrichs propose à Malnuit un contrat de cinq ans pour publier sa poésie. Un contrat chez Gallimard, quoi rêver de mieux ? Malnuit arrête d'écrire de la poésie.

Quand l'exposition Malnuit a été décrochée et chargée dans le camion pour rejoindre le garage de Bédé à Orange, je me suis dit qu'on ne reverrait pas de si tôt toutes ces belles peintures réunies. J'ai rassemblé tous les documents que j'avais et j'ai tout fait rentrer au chausse-pied dans un blog. Pour ceux qui n'ont pas pu venir et pour ceux qui veulent feuilleter encore une fois ses images superbes.

J'ai ajouté quelques anecdotes de mon cru, scané quelques photos jaunies des années "Crobards", titré quelques œuvres avec la loufoquerie qu'aimait tant Malnuit.
Ciao Mazio, enfoiré.

Pierre Ballouhey

Les Cahiers du Chemin Gallimard

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