“Malnuit, quel beau nom…
“Malnuit, quel beau nom.
C’est de contraire de bonjour.”
lui dit le grand poète Henri Michaux.
Michel Malnuit est né à La Tronche en 1943, il arrive à Saint-Marcellin à l’âge de trois ans. Dès l’âge de onze ans, ses parents lui offre une vraie boîte de peinture à l’huile, il sera peintre. Il va à l’École du Centre, puis au Collège de la Place d’Armes, il épate ses profs de dessin, il est bien plus fort qu’eux.
Adolescent, il est post-impressionniste, il remporte des nombreuses récompenses dans des salons régionaux. Naturellement, il entre aux Beaux-Arts à Grenoble, son art évolue vite. Malnuit a cheminé et progressé dans le peinture comme dans une jungle, foulant du pied les Maîtres et les Écoles, Rembrandt, l’impressionnisme, Toulouse- Lautrec, Picasso, l’expressionnisme, Pollock, De Stael, l’abstraction lyrique, Paul Rebeyrolle, Rustin.
L’abstraction est le but naturel pour un peintre de cette génération, il y fonce dès l’âge de vingt ans, pour aboutir à ces grandes peintures d’abstraction narrative. Composition d’un classicisme implacable, geste ample et rageur, touche large et lourde, couleurs audacieuses et savantes,matières opulentes pour un récit intime et tonitruant. Un cri peint.
C’est de la grande peinture, une peinture de choc, de la peinture dont on crève.
Dessinateur prodigieux et peintre surdoué, il parvient mal à se faire reconnaître, il refuse, méfiant, le compromis avec le monde de l’Art officiel. C’est son problème, sa blessure.
Il expose à Saint-Marcellin, Grenoble, Chambéry, Saint-Étienne, Pau, Tarbes, Orange, Saint-Tropez.
Passionné de littérature, il publie ses poèmes et ses récits biographiques chez Gallimard, Utovie, Ressacs.
Le 4 novembre 1992, il meurt “désenchanté et épuisé” comme il disait, à Saint-Marcellin.
Son roman autobiographique, “Crobards”, chronique des années Beaux-Arts est réédité par l’Arganier en décembre 2007.
Pierre Ballouhey